FAQ – Foire Aux Questions

Qui sommes-nous ?

Nous sommes 5 personnes, 2 couples et 1 célibataires de quadra à septuagénaire (Dorothée, Jean Pascal, Céline, Eric et Sylvie). Dans l’ancien monde nous avons été fonctionnaire territorial, attaché commercial, aide ménagère, pharmacien, technicien d’étude, dessinateur industriel, auteur, conférencier, prof, …

Comment nous sommes nous rencontrés ?

C’est ce post sur Facebook qui a initialisé le projet en novembre 2018. Plusieurs personnes y ont adhéré, certaines ont participé à la concrétisation du projet puis l’ont quitté et d’autres sont toujours là pour le mener à bien.

Qu'est-ce qui nous relie ?

C’est ce que l’on nomme le Texte Fondateur. 14 pages qui nous ont permis de nous mettre d’accord sur un constat du monde tel que nous le percevons et comment nous comptons nous adapter et/ou lui résister.
Ce texte, c’est notre clé de voûte et en même temps le mortier qui nous lie.

Vous pouvez télécharger ce texte en cliquant sur l’image ci-contre

Comment est réparti le foncier de Terra Nostra ?

Terra Nostra c’est environ 11 hectares répartis de la façon suivante :

  • 4,5 ha de bois
  • 3,5 ha de prairie
  • 1 étang de 1,2ha
  • 1 parc d’1,3 ha comprenant un étang de 3000m²
  • 4 maisons d’habitation
  • 1 maison à rénover
  • 1 maison transformée en épicerie et atelier de transformation pour le fromage
  • 3 granges (dont une intégrant un atelier de 40m² et une autre va devenir une salle de spéctacle/education populaire pendant l’hiver 2023/2024)
  • 1 garage transformé en tiers-lieu
  • 2 gites de 6 chambres
  • 1 tiny house
  • 1 habitat insolite (tente suspendue)
  • 2 serres de 120m² chacune et une serre (pour les semis) de 40m²

Quel est notre niveau d'autonomie ?

Nous avons commencé l’aventure Terra Nostra par une recherche d’autonomie maraichère grâce à deux concours de circonstance. Un maraicher nous a accompagné pendant 6 mois au tout début du projet et la personne référente pour le maraîchage dans le collectif était plus disponible que les autres (sa maison était directement habitable à son arrivée). Au bout de 6 mois, nous n’avions plus besoin d’acheter de légumes ni de fruits à l’extérieur. Depuis, ça nous arrive de temps en temps de compléter nos réfrigérateurs de quelques légumes mais c’est uniquement par gourmandise (pour varier un peu les plaisirs).

Nous achetons toujours : farine, café, pâtes, riz, légumes secs, … mais cette année nous avons fait l’acquisition d’un moulin pour moudre et presser ainsi que le matériel pour faire des jus de pommes, poires, raisin, … (hachoir et presse). Nous nous sommes aussi lancé dans la culture de céréale 100% manuelle (pour le moment le test n’est pas terminé)

Nous sommes aussi autonomes depuis notre arrivé en eau pour le maraichage. Jamais une goute d’eau du réseau n’a été utilisée pour arroser nos plantes.

Cette année nous serons autonomes en protéines carnées (moutons, chevreaux, lait de chèvre (fromages et faisselles) et troc de légumes contre des poulets)

Après c’est selon les foyers.

Nous sommes tous autonomes en chauffage.

Une maison est autonome en eau chaude sanitaire

Coté transport, nous avons 2 voitures pour 6 personnes avec maximum 20.000Km/an au total. Les vélos électriques sont les véhicules les plus utilisés à Terra Nostra.
L’autonomie en eau devrait être initiée courant 2023 pour certains d’entre nous.
Sans parler d’autonomie, nous faisons beaucoup de choses nous mêmes comme les produits d’entretien, les savons et nous nous séparons de plus en plus d’outils dont on ne sait assurer la maintenance. Ainsi les faux, fauchons, tondeuses manuelles, scie forestière, tarière manuelle, … remplacent la motoculture et de l’outillage électroportatif remplace ses homologues thermiques (tronçonneuses) quand notre forme physique nous le permet.

Quelles sont nos activités ?

  • Premièrement nous rénovons le foncier, nous avons créé un atelier de 40m² dans une grange, Nous avons rénové une ancienne cabane de pêche en maison d’habitation, une remise de 20m² est devenue une maison de 30m² et pendant l’hiver 2022/2023, nous avons rénové une autre maison pour en faire un gite.
  • Nous avons aussi développé une activité vivrière mais uniquement pour les habitants du lieu, donc nous nourrissons 6 personnes à l’année en fruits, légumes et partiellement en protéines carnées via un petit élevage de chèvres qui nous donne du lait (donc des fromages et faisselles) et un peu de viande. En 2023 nous serons autonomes en viande via des moutons, ils vont faire de l’eco-paturage sur certaines parcelles et compléteront notre consommation de viande et troc, le grand étang nous fourni aussi de délicieux Black Bass, Perches et Gardons. Nous troquons quelques légumes avec des voisins contre des services ou d’autres produits alimentaires que l’on ne produit pas chez nous. A savoir que notre production alimentaire n’est pas revendue, on produit pour notre besoin et seul le surplus, si il y en a, est troqué.
  • Nous nous sommes donnés comme mission de faire de l’éducation populaire et dans ce cadre :
    • Depuis 2021, nous avons commencé à dispenser des stages sur la création d’écolieu. Ça se déroule sur un week-end jusqu’a 5 jours avec 5 à 8 personnes et là on explique tout ce qu’on a appris pendant ces 5 ans que le groupe s’est constitué, nous expliquons tout le pourquoi et le comment et nous répondons à toutes les questions qui nous sont posées (quand nous savons y répondre). Ça passe de la gestion d’un troupeau de caprins au détail de la gestion financière du groupe, de l’autonomie vivrière à la déconstruction de la rhétorique conventionnelle des ecolieux & Co… En bref, nous expliquons ce que nous aurions aimé savoir quand on était à la place des stagiaires (avant de se lancer). Cette année nous complétons ces stages avec une partie confrontation au réel. Dans le cadre de ces stages, il nous a été demandé de pouvoir vivre ce qu’on vit au quotidien. Nous allons donc proposer des ateliers hyper concrets comme réaliser une petite installation électrique domestique, comment gérer sa forêt et son bois de chauffage, les bases de la couture, … L’idée pour nous c’est surtout de déconstruire cette fausse idée que si on ne sait pas faire, on ne peut pas faire : fendre du bois, même un tronc d’un mètre de haut c’est possible pour tout le monde, ce n’est qu’une question de technique et de temps et pas forcément de musculature ou de connaissances inaccessibles. Car quand les gens viennent chez nous et voit le boulot et que nous expliquons notre quotidien ça a tendance à les décourager.
    • En 2021,nous avons accueilli des scolaires par groupe de 15 en moyenne pour les éveiller sur la production alimentaire, leur patrimoine et l’écologie.
  • Après on développe beaucoup d’activités liées aux interactions avec notre voisinage.
    • 2 d’entre nous sommes au comité des fêtes du village et nous organisons chaque mois un marché festif.
    • Nous organisons aussi une fois par mois une épicerie de quartier. Comme nous achetons déjà en gros pour nous (ce qu’on ne peut ou ne sait pas produire : farine, café, huile, légumineuses, …), nous proposons à nos voisins de venir en profiter à prix coutant. On en profite aussi pour faire dépôt vente de certains produits faits par des artisans du village (bière et pain). Cette épicerie est surtout l’occasion de passer un bon moment avec nos amis et voisins, les gens apportent ou achètent des boissons sur place, de la charcuterie et ça se finit assez souvent en apéro.
    • Nous organisons aussi une fois par an, le repas des amis, nous montons un barnum devant notre étang et là c’est la grosse fête avec groupe de musique, barbecue et rigolades
  • Pour nous, le succès d’un écolieu ou toutes entreprises de ce type passe par mettre en place un lien fort avec la population qui nous entoure. C’est d’autant plus important pour nous qui cherchons une autonomie au quotidien et nous avons bien compris qu’à nous 6, peu importe les compétences, nous n’arriverons pas à cette autonomie sans le support de nos voisins et amis.
  • Pour finir, nous avons deux locations touristiques et insolites. Il s’agit d’une tente suspendue dans les arbres au bord de l’étang d’une Tiny House. C’est l’association gère cette activité et les revenus y sont directement injectés.

Stage

Épicerie

La Tente en l’Air

Est ce que votre lieu de vie vous dégage des revenus perso ?

L’ensemble des quelques gains financiers générés par nos activités vont dans notre association et sont utilisés pour l’entretien du lieu et le développement de ses activités. Aucun d’entre nous ne perçoit de rémunérations occasionnelle ou régulière de Terra Nostra (ni via la SCI, ni via l’association).
Les couts de Terra Nostra sont assurés essentiellement par nos fonds propres, retraites et quelques activités salariées extérieurs.

Comment organisons nous les finances du collectif ?

Pour commencer : la base au Néo-village Terra Nostra, personne n’a de crédit, ni dette à honorer.
 
Nous avons 4 sources de financement différents :
  1. Le foncier (Achats, ventes, rénovations) est financé par l’intermédiaire de notre SCI et plus spécifiquement par un compte commun d’associé. Ces frais sont portés par chacun des membres de la SCI à hauteur des parts qu’il a dans la société. C’est-à-dire qu’une personne ayant 25% de parts finance 25% du coût des travaux cela veut dire aussi qu’on est souvent à devoir payer pour des travaux qui ne nous concernent pas directement mais qui au final valorisent nos biens (même si nous avons une politique 0 plus-value dans la limite que nous autorise le ministère des finances 😤)
  2. Les activités, là on parle du vivrier, de l’entretiens des machines, du développement touristique du lieu (stage, locations, …), … on est sur un financement égalitaire puisque ces activités profitent de la même façon à tous les habitants du village (qu’ils fassent partie ou non de la SCI). En début d’année quand on fait les budgets on définit si on va utiliser une partie de la trésorerie de l’association et le complément est pris en charge égalitairement par les habitants du lieu (versé chaque mois ou en une fois au début de l’année)
  3. Les investissements personnels : il arrive que pour certaines dépenses liées à des investissements comme pour les activités touristiques, certaines personnes investissent leurs fonds propres pour ne pas charger les autres équipiers et se remboursent au fur et à mesure que l’activité touristique se développe.
  4. Et pour finir, il y a des dons, ça nous est arrivé une fois et c’est très appréciable. Ça va nous permettre cet hiver de refaire le plancher d’une grange qui va devenir une salle culturelle.
 

Comment rejoindre le Néo-Village Terra Nostra ?

Vous nous demandez assez souvent si notre collectif intègre encore de nouvelles personnes/familles.

Pour le moment nous n’avons pas l’intention d’augmenter l’effectif de Terra Nostra mais nous pourrions imaginer d’être 5 familles a terme. Mais rentrer chez nous n’est pas chose facile, ou plutôt ce n’est pas un processus clair et cadré, c’est même tout le contraire.
L’expérience nous a montré qu’il ne faut surtout pas chercher à rentrer ou à faire rentrer de nouvelles personnes de façon active (par des datings, des annonces-recrutements, répondre à des sollicitations pour intégrer Terra Nostra, etc …). Nous vous invitons a ne surtout jamais utiliser ces méthodes ou a y répondre. En tout cas, pour nous c’est rédhibitoire.
Les recherches actives pour intégrer un collectif sont faciles, pratiques, rapides, séduisantes. C’est un peu le coté obscure de la force car on intègre pas ce genre de structure comme on achète un appartement mais plus comme la recherche de l’union de 2 êtres. Pour prendre un exemple parlant, revoir le sketch des Inconnus “tourner ménage” et la question devenue culte : “est-ce que tu baises ?” c’est à quelque choses près équivalent a : “est-ce que vous intégrez de nouvelles familles ?” 😄.
A chaque fois que nous avons rencontré des personnes suite a des sollicitations de notre part où des demandes des leurs pour rentrer dans notre groupe, nous nous retrouvons, tous, a jouer la comédie de façon insidieuse. La situation fait que nous ne sommes  plus dans des attitudes naturelles mais dans la séduction. Donc nous ne sommes pas nous même et ça fausse totalement la rencontre et les décisions qui en découlent
Le mieux, selon nous, (le coté des Jedis 😄) c’est une fois de plus, prendre le temps ! Le temps de faire du woofing, le temps de s’installer (location ou gîte) dans une région et rencontrer et participer bénévolement à la vie d’un collectif (on a toujours besoin de bras supplémentaires), le temps de passer d’écolieu en écolieu avec un van aménagé ou même une tente de camping, le temps de participer a des stages organisés par ces mêmes écolieux. Et c’est dans ces moments que la petite flamme apparaît. Et si elle s’illumine des 2 côtés elle a de bonne chance de faire fondre les 2 partis l’un pour l’autre.

Est-ce facile ou pas de créer un lieu comme le notre ?

Sur les réseau sociaux, nous postons essentiellement nos réussites du coup il est nécessaire de relativiser.
Oui c’est faisable, oui c’est génial mais ça demande de gros sacrifices qui, pensons nous, ne sont pas acceptables par tout le monde (on l’a vécu ici) : le rythme de travail est intense, pas ou peu de vacances, on doit se faire violence par fois pour changer nos habitudes (déplacement, alimentation, confort, …). Les baisses de revenu sont sources de tension, les relations avec les autres membres du groupe ne sont jamais évidentes, il faut accepter de se tromper et donc de faire et défaire fréquemment. Bref, il faut avoir conscience que c’est dangereux pour un couple surtout si les 2 n’ont pas cheminé à la même vitesse ou dans la même direction, vivre de cette façon va automatiquement tendre l’élastique qui relie les personnes, après la tension d’élastique casse ou rapproche les personnes, c’est un coup de poker et pour avoir une chance de remporter la mise, soyez sur que votre couple et que vos équipiers soient prêts pour cette épreuve.

Quels statuts juridiques avons nous choisi ?

Avant de répondre à cette question, une précision préliminaire s’impose.
Il y a beaucoup de structures possibles différentes, aucune n’est parfaite, il faut absolument traiter ce sujet avec un notaire compétant, disponible et motivé (ayant déjà traité ce genre de demande).

A Terra Nostra, l’ensemble du foncier appartient à une SCI donc 4 des 5 villageois sont actionnaires. Cette SCI est utilisée uniquement pour l’achat et éventuellement le revente de nos biens immobiliers. Comme nous faisons tous les travaux nous même, la SCI ne peut pas être utilisée pour les financer.

La SCI c’est donc un des contrats qui lie les membres de Terra Nostra. En vulgarisant grossièrement, le statut SCI permet a ses actionnaires de rentrer rapidement dans le contrat mais il est très difficile d’en sortir.
Pour y rentrer il suffit de se mettre d’accord entre nous, de mettre à jours les statuts et de payer les frais de notaires
Pour en sortir (selon la façon dont nous avons rédigés nos statuts), il faut que celle ou celui qui souhaite partir trouve un remplaçant dans les 2 mois qui suivent sa décision pour lui racheter ses parts et que cette personne soit validée pour celles et ceux qui restent (à l’unanimité). Les associés restants peuvent eux aussi proposer un repreneur. Si c’est possible et souhaité, les restants peuvent racheter les parts du sortant dans la mesure de leur trésorerie.

Pour le reste des activités, elles sont gérées par une association à but non lucratif.

Quels sont les avantages et inconvénients d'une vie en Tiny House ?

 
Après 3 ans en Tiny House… On fait le bilan !
Ces habitats principalement en bois, montés sur remorques, offrent entre 11 et 15m² au sol auxquels on ajoute une ou 2 mezzanines de 5m² chacune.
La nôtre, initialement achetée pour habiter sur un autre terrain, a trouvé sa place à Terra Nostra depuis novembre 2019.
Nous l’avions achetée d’occasion 39000€ mais n’avait jamais été habitée, elle était encore sous blister (à savoir qu’une Tiny neuve se négocie entre 60 et … 100k€ et la construire soit même n’est pas à la portée de tous). Elle sortait des ateliers « Lou Tiny House ».
Nous sommes passés d’une maison récente (de 10 ans) faisant 140m² à cette Tiny de 17m² de plancher. C’est faisable à partir du moment où c’est un choix et pas une contrainte, nous avons beaucoup d’amis qui l’ont essayée, tous l’on trouvée géniale, en rêveraient pour une semaine de vacances, mais n’imaginent pas y vivre en couple et encore moins avec des enfants sur plusieurs années. Pour nous ça a très bien fonctionné à 2, à 3 c’est déjà un peu plus compliqué, seulement 2 personnes peuvent être en mouvement en même temps alors à 4 ce n’est juste pas possible, même si on peut y dormir à 4 (modèle à 2 mezzanines).
Les points positifs :
  • La simplicité de vie : tout est simple ou presque dans une Tiny, le ménage se fait un 10 min, t’as oublié le sel pour ta purée, en général tu tends un bras et tu l’attrapes, tout est à portée de main.
  • Ces petites maisons feront le bonheur des frileux et frilleuses, le fait d’être entouré de bois apporte une sensation de chaleur qui permet de baisser son seuil d’intolérance au froid. Ainsi, avant on avait du mal à tenir en dessous de 20°C dans notre grande maison, dans la Tiny on a le même ressenti entre 17 et 18°C et le soir quand tu rentres et que la fraicheur de la nuit arrive, tu fais une bonne soupe ou une plâtrée de pates et tu prends 2 à 3°C de plus dans toute la maison.
  • Bien évidemment une Tiny a un impact très limité sur son environnement, on ne rejette que des aux grises (toilette sèche), elle est posée sur le sol, ses fondations se limitent à des pneus chargés de béton donc totalement déplaçables. Elle se fondent dans les paysages champêtres. La nôtre sert de nichoir aux chauves-souris.
  • Les toilettes sèches … en plus de ses vertus écologiques, c’est génial, plus de baiser de Poséidon (si vous n’avez pas la ref, je vous laisse chercher sur gogole), plus besoin d’avoir a essuyer les traces de son passage avec une brosse à chiotte. On a juste à les vider toutes les 2 semaines ! Oui quand le sceau est plein, ça fini par sentir un peu, mais cette contrainte est négligeable pour nous, comparée aux avantages.Le jour où tu déménages et bien ta maison te suit, c’est tout de même totalement génial d’avoir cette flexibilité.
  • Les taxes sont … inexistantes (par contre les assurances vous assomment).
  • Les gens sont curieux de voir ce type d’habitat, ça nous a permis de faire de chouettes rencontres.
  • La faible consommation d’énergie est impressionnante, elle ne fonctionne au gaz pour l’eau chaude, la cuisson et le chauffage de l’habitacle donc pour nous l’électricité sert à l’éclairage, un grille-pain, l’ordi portable + téléphone, la VMC, un écran, le frigo et le robot ménager qui sait tout faire (très utile dans un petit environnement). On tourne à environ 7 bouteilles de 13kg de propane par an donc environ 280€ et 400€ d’électricité mais qui ne fournit pas que la Tiny qui doit elle se limiter à 300€/an donc pour 2 personnes on est à ~600€/an toutes énergies confondues (dans notre grande maison nous étions à 2000€/an en tout électrique plus un chauffage au bois performant).

 

Maintenant on va évoquer les sujets qui fâchent :
  • Un peu plus haut, on disait que le ménage se faisait en 10min, mais c’est toutes les 10 minutes. La circulation se fait sur un couloir de 4 mètres de long donc autant dire qu’on l’empreinte souvent, ainsi les miettes, les feuilles qui rentrent avec le vent, etc. s’accumulent au même endroit, c’est donc tout de suite sale.
  • On disait aussi que tout est simple dans ce petit environnement sauf quand de temps en temps on a besoin d’y entreposer des choses encombrantes. C’est le cas en hiver quand il faut faire sécher son linge, installer un tancarville se fait la nuit, devant le chauffage ce qui limite fortement le passage au toilette nocturne. Il faut apprendre à surveiller la météo pour faire ses lessives quand il est prévu du vent sans pluie et si possible avec un peu de soleil.
  • Les assurances vont en profiter, il n’y a déjà pas beaucoup d’entre elles qui proposent ce genre de contrat mais elles assureront la remorque indépendamment de la partie maison, prévoyez un quasi 600€/an pour les 2 contrats.
  • Ce n’est pas une légende, il est très difficile de faire valider d’une façon ou d’une autre une Tiny House vis-à-vis de l’urbanisme. Nous avons présenté 2 dossiers différents, les 2 ont été refusés malgré une municipalité favorable aux projets. La seule option trouvée, c’est de l’avoir sur notre terrain et qu’on habite une maison à coté, elle devient une caravane en hivernage sur le terrain de ses propriétaires. Nous n’habitons donc plus dedans.
  • Autres désagréments : la pluie. Pour des problèmes de poids qui doit rester < 3.5 tonnes, la couverture des Tiny est généralement fait en bac alu qui sonnent comment une mitraillette quand la pluie tombe dessus, je ne vous parle pas de la grêle ni des glands quand elle est stationnée sous un chêne.
  • Les chênes justement, la notre est le long de la forêt et la perspective de cette petite maison comparée à la hauteur des arbres qui l’entourent n’est pas rassurant. On n’aurait pas la même crainte avec une maison en dur. Le premier hiver, on a vécu une nuit sous des vents à plus de 100km/h, la Tiny avait une fâcheuse tendance à vouloir se retourner, ça a vraiment été très flippant.
  • Autant les températures d’hiver passent bien, celles d’été sont beaucoup plus compliquées, il faut opter pour des stratégies plus ou moins radicales. En général ces roulottes n’ont pas de volet pour faire de l’ombre, ça les alourdirait beaucoup, nous avons donc ajouter une grande voile d’ombrage, mais ça ne suffit pas, il faut ajouter des moustiquaires sur toutes les fenêtres pour pouvoir les laisser ouvertes tout l’été et lors des canicules, on ajoute 2 ventilateurs pour forcer l’air à circuler (notre Tiny étant particulièrement mal foutue au niveau aération).
  • Qui dit mauvaise aération dit condensation et moisissures, c’est le cas pendant tous les hivers, il est nécessaire d’ouvrir les fenêtres même quand il fait -5°C dehors sinon, ça coule le long des fenêtres en alu, une Tiny se dégradera beaucoup rapidement qu’une maison traditionnelle.
  • Et la VMC me direz-vous ! Oui c’est une option qui est installée dans la nôtre, il y en a même 2, mais vous êtes-vous déjà endormis avec les oreilles à quelques mètres d’une soufflerie, pas besoin de dessin, vous avez compris !
  • Le bois c’est super agréable mais ça demande de l’entretien, tous les 2 ans on doit décaper les extérieurs et repasser une huile de protection, c’est beaucoup de boulot et un coût important de l’ordre de 300€.
  • Une Tiny seule n’est pas vivable à l’année, il faut une annexe. Nous, nous avons un ancien garage où l’on va trouver notre machine à laver le linge, notre four et une partie de nos réserves alimentaires et d’habits. Cette annexe peut aussi être la camionnette qui tracte la Tiny.
  • La promiscuité : Pour cohabiter il faut bien se connaitre et bien s’entendre, notre couple à plus de 30 ans, quand l’un lâche une caisse, on sait d’avance l’odeur qu’elle aura mais ce manque d’intimité pourra en freiner beaucoup. Ça sera le cas aussi si vous n’avez pas les mêmes contraintes ou habitudes horaires, il n’est pas facile de s’isoler pour faire telle ou telle chose quand l’autre veut dormir.
  • Oublie les soirées entre pote, il faudra attendre l’été pour inviter des amis à manger … sur la terrasse.

 

Voila, notre bilan après 3 ans d’utilisation comme maison principale est très mitigé, pour être honnête, si on n’avait pas été obligé de ne plus l’habiter à l’année, on y serait encore mais on ne la regrette pas sauf la magnifique vue qu’on avait de la chambre et de la cuisine. Les contraintes, on a fini par les accepter et à ne quasiment plus les voir mais ça n’aurait surement pas été supportable 10 ans de plus.

Quelles compétences sont nécessaires pour constituer un groupe comme le notre

C’est un débat qui revient souvent avec les personnes que l’on rencontre : faut-il constituer un groupe par rapport aux compétences individuelles qui le constitue ?
C’est le sujet du ciné-philo que l’on organise lors de nos séminaires.
 
De notre point de vue ce n’est pas un critère pertinent sans pour autant devoir l’occulter. Plutôt que des compétences il faut plutôt viser des affinités.
 
Avant Terra Nostra, Céline a été secrétaire de direction, attachée commerciale, responsable de secteur dans un CIAS et maintenant elle est notre chevrière et fromagère attitrée et ça, sans aucun diplôme sur le sujet, juste de l’amour pour ses chèvres et l’envie maitriser de A à Z la transformation du lait en fromage. Il y a eu des galères, on a perdu 2 chèvres à cause de maladies mais maintenant elle sait faire sans spécialement avoir de compétence préalable. Sans ses nouvelles connaissances toutes nos chèvres (sauf le bouc) seraient mortes sans sa vigilance et son expertise fraichement acquises.
 
Dorothée était pharmacienne hospitalière, elle est maintenant notre maraichère en chef, elle a toujours eu la fibre botanique par ses études mais en aucun cas elle avait exercé un métier s’approchant de la culture potagère, juste une formation chez un ami maraicher pour maitriser les méthodes particulières de la culture sur sol vivant. Maintenant elle est capable de passer 10 heures dans ses serres à tailler ses tomates et nous assure avec Sylvie de quoi manger toute l’année sans jamais avoir raté une année. Il y a eu des doutes, des larmes aussi mais sa motivation et sa pugnacité ainsi que celle du collectif ont fait qu’on a passé ces moments compliqués !
 
On a beaucoup de domaines à explorer dans un éco-village collectif comme le nôtre, particulièrement quand on recherche un certain niveau d’autonomie, il y a forcément des sujets que l’on ne maitrise pas du tout (chez nous c’est par exemple encore le cas pour la mécanique agricole) mais ça s’apprend rapidement quand on y est forcé. C’est particulièrement facile quand autour de nous, nous avons des ami-e-s qui ont ces savoirs et ils et elles se font toujours un plaisir de nous filer des coups de main.
 
Il nous semble donc vain de rechercher à constituer un groupe aux compétences exhaustives mais plutôt laisser libre cours à nos envies tout en gardant la lucidité de ce qu’on peut et ne peut pas faire soit même avant de les entreprendre et d’avoir toujours en tête la visée du groupe (le pourquoi, dans quel but je fais ça). Ne pas hésiter à reporter voir annuler certaines parties du projet initial si on ne s’en sent pas capable. Participez à des micro stages, à des portes ouvertes dans des fermes, chez des artisans, questionnez ceux qui savent, intégrez-vous dans des associations, proposer des coup de mains, participez à des chantiers participatifs (plutôt que des tuto YouTube sur les chaines “Y a qu’à, Faut qu’on”), faites un pas après l’autre et vous verrez vos barrières mentales céder, vos envies de faire bouillonner et de nouvelles perspectives s’ouvriront à vous.

Qu'est-ce que la communauté étendue ? Ou comment s'intégrer dans son environnement avec une visée d'autonomie

Notre finalité étant l’autonomie dans tous ces aspects, nous avons exploré les ressources des communautés villageoises pour contribuer à nos visées. C’est donc l’objet de ce texte qui narre les expériences dont nous avons tiré quelques réflexions.

L’implantation d’un éco-lieu, d’un éco-village et autres appellations plus ou moins contrôlées, s’effectue dans un environnement donné ; rural le plus souvent, caractérisé par une faible densité de population, de petites communes de 150 à 1500 habitants réparties en hameaux autour d’un bourg, des activités agricoles pour l’essentiel, une population vieillissante… Notre commune de 138 habitants épouse parfaitement ces caractéristiques ; les terres agricoles couvrent plus de 60 % du territoire communal, la densité est de 16 habitants au km², plus de 40 % de la population a 60 ans et plus, 60 % de la population est retraitée ou sans activité.

Si le projet d’implantation recherche l’autarcie, ces éléments contextuels seront ignorés. Si le projet d’implantation recherche l’autonomie, il sera souhaitable d’intégrer ces éléments dans la stratégie de développement du projet. Pourquoi ? Parce que l’autonomie ne s’acquiert pas dans une sorte d’isolement mais bien dans une coopération avec tous les éléments constitutifs de l’environnement. C’est ainsi qu’il convient d’élaborer la constitution d’une communauté plus large que le collectif initiateur du projet, ce que nous pouvons nommer : « communauté étendue » puisqu’elle s’étend au-delà de la géographie de l’éco-lieu.

Parvenir aux différentes autonomies souhaitées (alimentaire, énergétique, hydrique, financière,…) nécessite des ressources que les éco-lieux ne peuvent fournir eux-mêmes sauf à disposer du nombre de bras nécessaire, de richesses naturelles suffisantes et de finances adéquates. Il faudra donc combler les carences en puisant dans les ressources de l’environnement ; c’est toute la finalité de la communauté étendue.

Constituer une communauté étendue en milieu rural, c’est d’abord et avant tout se rappeler que les nouveaux arrivants et particulièrement, ce qu’il est convenu d’appeler les « néoruraux », perturbent une sorte d’équilibre des relations humaines traditionnelles. Pour éviter que ces perturbations n’affectent les relations entre les nouveaux d’ailleurs et les anciens d’ici, il s’agit de s’inscrire dans les traditions et les cultures locales afin de les comprendre. Toutes les organisations humaines s’articulent autour d’institutions, qu’elles soient issues d’une constitution (les institutions représentatives par exemple)  qu’elles s’auto-constituent (les associations par exemple).  Chaque institution, pour assurer sa solidité et son maintien dans le temps, organise des rituels (plus ou moins festifs) pour consolider les liens entre tous leurs membres. Ce sont ces rituels qu’il conviendra de connaître pour y participer afin d’intégrer les communautés villageoises existantes ; c’est ce que nous avons entrepris dès notre installation dans notre commune.

Nous avons distingué deux géographies pour déterminer notre communauté étendue : la commune d’une part et un rayon de 10 à 15 kilomètres (à portée de vélo) d’autre part. Nous avons privilégié la commune ; les liens extra communaux se sont ajoutés par opportunité avec bonheur.

 

1 – Identifier les institutions de la commune

1.1 Les institutions représentatives : Maire, conseillères ou conseillers municipaux, secrétaire de mairie…

La mairie est le centre de gravité d’une commune ; en général, le Maire et les conseillères et les conseillers sont assez représentatifs de la population. On y trouve en effet les agriculteurs, les enseignants, les retraités bien souvent agricoles… les « notables du village ». Il s’agit de se faire connaître dès que possible même si le projet n’est pas encore achevé. Le moment idéal est le samedi matin où plusieurs conseillers et le maire ou la mairesse sont souvent présents. Le cœur d’une mairie est la ou le secrétaire qui détient toutes les informations sur la commune, les gens qui y vivent, etc. C’est ainsi que l’on découvre les différentes associations présentes sur la commune ainsi que le nom des présidentes et présidents, les rituels (repas de fin d’année, fêtes et marchés…), etc. Nous rendions visite à la secrétaire de mairie tous les samedis matin avant même de nous être installés pour comprendre qui était qui et faisait quoi. Nous avons ainsi rencontré régulièrement le maire, les principaux conseillers municipaux, la présidente du comité des fêtes et des habitants. Il s’agissait pour nous de nous faire connaître et d’échanger sur le projet que nous avions l’intention de déployer dans la commune. La secrétaire de mairie a été d’un grand secours quant aux informations dont nous avions besoin et les rencontres fréquentes avec le maire et les conseillers ont permis de mettre fin à toutes les supputations qu’occasionnent l’arrivée « d’étrangers ».

1.2 Les associations : sportives, culturelles, chasse, pêche, militantes…
Clubs de belote ou de tarot, l’association communale de chasse agréée (ACCA), l’association de pêche, les associations culturelles, les associations de défense…  Remarque : quelque soit l’opinion que l’on porte sur les chasseurs et les pêcheurs ;  ces personnes font partie du village et sont là depuis longtemps pour la plupart ; c’est avec elles et eux aussi qu’il s’agit de faire communauté. Il ne s’agit pas de se présenter en donneurs de leçon ; la chasse et la pêche sont très enracinées dans nos territoires, souvent de père ou de mère en fils ou fille et la critique a priori de ces traditions n’aide pas à la constitution d’un réseau relationnel local. Quand nous n’aurons plus que le problème posé par la chasse ou  la pêche à traiter, c’est que tous les autres problèmes majeurs auront disparu et il faudra s’en réjouir.

L’une d’entre-nous s’est présentée aux élections départementales pour mieux connaître le canton et se faire connaître. L’une d’entre-nous est co-gérante d’un groupement forestier citoyen. L’un d’entre-nous fait partie d’un club de tarot sans qu’il y ait trouvé une quelconque passion. L’un d’entre-nous est membre d’une association de défense de l’environnement. L’une d’entre-nous est au bureau du comité des loisirs de la commune. Nous faisons des rencontres régulières avec les chasseurs qui ont désormais la délicatesse de nous prévenir de leur incursion dans nos forêts et qui, finalement, y ont instauré une réserve de chasse*.

*Réserve de Chasse : zone où, dans l’intérêt de la conservation générale du gibier et de la faune, la chasse est interdite en accord avec les autorités cynégétiques.

1.3 Le comité des fêtes
Maillon essentiel de la commune, il organise la plupart des festivités de la commune. C’est une association loi 1901, composé d’un bureau d’environ 8 personnes. Les membres de cette association sont en général l’ensemble des bénévoles qui contribuent à l’organisation des fêtes. Ils peuvent être nombreux (plus de 50). Sans elles et eux, sans leur bonne volonté, aucune fête villageoise ne pourrait se tenir. C’est une chaîne de fraternité, qui se manifeste lors des fêtes de la commune et qui se solidifie à l’occasion de chaque événement.

L’un d’entre nous a été élu président du comité des fêtes de la commune et l’autre vice-président. Aujourd’hui, le comité des fêtes de notre commune organise un marché mensuel de mars à octobre avec l’entier soutien de la municipalité. Il a renforcé la fête annuelle préexistante qui rassemble plus de 2 000 personnes et sollicitent plus de 50 bénévoles. Il organise et soutient un repas annuel pour les bénévoles et le traditionnel réveillon de fin d’année.

1.4 Les agriculteurs
Dans notre région traditionnellement consacrée à l’élevage bovin, les agriculteurs possèdent en moyenne entre 60 et plus de 100 hectares de terres principalement dédiées au pâturage et aux céréales. Sur notre petite commune, ils sont 6. Certains, peu nombreux, cultivent en bio, la majorité utilise, entre autres, du glyphosate de façon plus ou moins raisonnée. Là encore, il est contre-productif d’aller donner des leçons de vertu écologique à ces agriculteurs avant de bien comprendre les contraintes de leur métier, les habitudes, les croyances et le cercle vicieux desquels ils ont des difficultés à sortir. Une fois la relation engagée, il est important d’écouter, et cette écoute, sans jugement, aidera à créer des liens durables de solidarité. Les agriculteurs ont un savoir-faire hérité des générations qui les ont précédés et qui s’avèrent être d’une grande utilité. Chacun des membres du collectif est en relation avec les agriculteurs qui sont prompts à nous aider quand nous leur demandons.

1.5 Les marchés
Les marchés sont des occasions de rencontre avec la population locale ; producteurs et visiteurs.  C’est une découverte du tissu social du territoire. On y noue facilement des liens, particulièrement avec les exposants qui nous invitent à mieux connaître le monde des artisans et des producteurs.

 

2 – Les rituels

2.1 Participer aux rituels
Ce sont l’ensemble des manifestations ou événements qui maintient la cohésion des institutions dans le temps. Une assemblée générale d’association par exemple, un conseil municipal, une fête annuelle, le marché, un repas communal, un tournoi de tarot ou de pétanque…  Après avoir identifié ces rituels, nous avons participé aux fêtes, aux repas qui sont d’excellentes opportunités de faire connaissance avec les villageois dans une ambiance plutôt décontractée et festive. Ces connaissances nous ont permis d’identifier les rituels auxquels il est bon de contribuer.

 

2.2 Contribuer aux rituels
Adhérer à une association, offrir son aide à des événements organisés par la commune ou la comité des fêtes permet de nouer des relations amicales qui initient les solidarités utiles pour le développement du projet d’éco-lieu. L’idée générale est de s’imprégner de ce qui constitue les liens entre les habitants et de les tisser avec eux.

 

2.3 Créer des rituels
Tous les ans, début septembre, nous organisons une fête sur notre lieu à laquelle participe une cinquantaine de personnes de la communauté étendue. De même, nous avons créé une épicerie qui est ouverte une fois par mois. Nous cédons à prix coûtant les produits que nous ne produisons pas et que nous commandons en grande quantité pour le collectif ; café, huiles, pâtes, riz, farine, etc. L’objectif principal de cette épicerie est de créer un moment de rencontre, où les uns et les autres se tiennent informés de la vie du village, des difficultés rencontrés par certaines ou certains… bref une sorte d’agora épicière qui se conclut, comme souvent dans notre village ; par un verre.

Via la structure du Comité des Fêtes de la commune où nous sommes, pour deux d’entre nous, président et vice-président, nous avons créé des marchés (dit chez nous “les marchés pas comme les autres”). Nous n’en sommes ni consommateur, ni vendeur mais juste les organisateurs. Ils se déroulent une fois par mois de 11h à 16h et sont toujours articulés autour d’un repas et d’une buvette. Les repas sont pris sous une tonnelle avec des tablés de 40 mètres et brassent entre 150 et 300 personnes. C’est assez impressionnant pour un village de 140 habitants. Et les bénéfices nous servent à quoi ? … à financer un repas en hivers entre les bénévoles.
Tous ces évènements ne sont que des prétextes pour se réunir, discuter, rigoler ensemble. C’est ainsi que notre village et notre collectif entretien les relations entre les citoyens du territoire dans le but de renforcer la fraternité, la solidarité et l’amitié.

 

3 – La réciprocité des échanges.
Les interactions entre le collectif et la communauté étendue doivent s’articuler autour d’une certaine réciprocité dans les échanges.

Le fait d’être plusieurs dans notre collectif donne la possibilité de répondre favorablement à la demande d’un voisin ou des organisateurs d’un évènement communal sans toutefois être comptables des services rendus par les uns aux autres et par les autres aux uns. Ainsi, à Terra Nostra, plusieurs personnes contribuent très activement à nos activités sans pour autant être membre du collectif et sans attendre une compensation. Sans doute y trouvent-elles une satisfaction à participer à notre développement, pour des raisons liées au plaisir de déployer ses talents, ou à la jubilation de faire ensemble, ou encore de sortir d’un isolement parfois trop pesant.

 

4 – Qu’attendre de la communauté étendue ?
En dehors du plaisir de faire partie d’une commune et d’œuvrer à sa vie, les solidarités développées aident grandement au développement du projet. La vie d’un éco-lieu qui tend à l’autonomie a de nombreux besoins auxquels il ne peut répondre avec ses propres ressources ; par exemple, faire du pain à partir de sa production de blé, fabriquer ses propres amendements pour les cultures… Lors des récoltes, il est possible et probable que certains légumes manquent pour diverses raisons ; dans une communauté étendue ce que l’un n’a pas l’autre en dispose, dès lors, l’échange est possible mais la possibilité de l’échange n’existe qu’à travers une relation déjà créée et entretenue.

 

5 – Pour ne pas conclure
Les passés récents et moins récents ont montré que les communautés villageoises sont les plus robustes pour affronter les intempéries de l’histoire. Elles ont l’avantage de se déployer sur des territoires peu étendus, avec des populations très implantées dans le temps, tenues par des rituels qui semblent immuables, solidaires par habitude et par culture, méfiants parfois, ouverts souvent, attentifs à leur vie, à sa qualité et au maintien des traditions. Les valeurs des communes rurales sont issues de siècle partiellement à l’abri des modernités vulgaires et marchandes. Elles se perpétuent parce qu’elles sont le ciment des territoires et si elles aiment être troublées elles redoutent d’être anéanties par des urbanités prédatrices.