Qui sommes-nous ?
Nous sommes 6 personnes, 2 couples et 2 célibataires de quadra à septuagénaire (Dorothée, Jean Pascal, Céline, Eric, Olivier et Sylvie). Dans l’ancien monde nous avons été fonctionnaire territorial, pharmacien, ébéniste, skipper, technicien sur plateforme pétrolière, technicien d’étude, dessinateur industriel, auteur, conférencier, prof, …
Comment nous sommes nous rencontrés ?
Qu'est-ce qui nous relie ?
Comment est réparti le foncier de Terra Nostra ?
Terra Nostra c’est environ 11 hectares répartis de la façon suivante :
- 4,5 ha de bois
- 3,5 ha de prairie
- 1 étang de 1,2ha
- 1 parc d’1,3 ha comprenant un étang de 3000m²
- 4 maisons d’habitation
- 1 maison à rénover
- 1 maison transformée en épicerie et atelier de transformation pour le fromage
- 3 granges (dont une intégrant un atelier de 40m²)
- 1 garage transformé en tiers-lieu
- 2 gites de 6 chambres
- 1 tiny house
- 1 habitat insolite (tente suspendue)
- 2 serres de 120m² chacune et une serre (pour les semis) de 40m²
Quel est notre niveau d'autonomie ?
Nous avons commencé l’aventure Terra Nostra par une recherche d’autonomie maraichère grâce à deux concours de circonstance. Un maraicher nous a accompagné pendant 6 mois au tout début du projet et la personne référente pour le maraîchage dans le collectif était plus disponible que les autres (sa maison était directement habitable à son arrivée). Au bout de 6 mois, nous n’avions plus besoin d’acheter de légumes ni de fruits à l’extérieur. Depuis, ça nous arrive de temps en temps de compléter nos réfrigérateurs de quelques légumes mais c’est uniquement par gourmandise (pour varier un peu les plaisirs).
Nous achetons toujours : farine, café, pâtes, riz, légumes secs, … mais cette année nous avons fait l’acquisition d’un moulin pour moudre et presser ainsi que le matériel pour faire des jus de pommes, poires, raisin, … (hachoir et presse)
Nous sommes aussi autonomes depuis notre arrivé en eau pour le maraichage. Jamais une goute d’eau du réseau n’a été utilisée pour arroser nos plantes.
Cette année nous serons autonomes en protéines carnées (moutons, chevreaux, lait de chèvre (fromages et faisselles) et troc de légumes contre des poulets)
Après c’est selon les foyers.
Nous sommes tous autonomes en chauffage (sauf une personne).
Une maison est autonome en eau chaude sanitaire
En 2023, 2 foyers réfléchissent à se déconnecter du réseau ENEDIS et/ou de la SAUR.
Coté transport, nous avons 2 voitures pour 6 personnes avec maximum 20.000Km/an au total. Les vélos électriques sont les véhicules les plus utilisés à Terra Nostra.
L’autonomie en eau devrait être initiée courant 2023 pour certains d’entre nous.
Sans parler d’autonomie, nous faisons beaucoup de choses nous mêmes comme les produits d’entretien, les savons et nous nous séparons de plus en plus d’outils dont on ne sait assurer la maintenance. Ainsi les faux, fauchons, tondeuses manuelles, scie forestière, tarière manuelle, … remplacent la motoculture et de l’outillage électroportatif remplace ses homologues thermiques (tronçonneuses)
Quelles sont nos activités ?
- Premièrement nous rénovons le foncier, nous avons créé un atelier de 40m² dans une grange, Nous avons rénové une ancienne cabane de pêche en maison d’habitation et une remise de 20m² est devenue une maison de 30m².
- Nous avons aussi développé une activité vivrière mais uniquement pour les habitants du lieu, donc nous nourrissons 6 personnes à l’année en fruits, légumes et partiellement en protéines carnées via un petit élevage de chèvres qui nous donnent du lait (donc des fromages et faisselles) et un peu de viande. En 2023 nous serons autonomes en viande via des moutons, ils vont faire de l’eco-paturage sur certaines parcelles et compléteront notre consommation de viande et troc. Nous troquons quelques légumes avec des voisins contre des services ou d’autres produits alimentaires que l’on ne produit pas chez nous. A savoir que notre production alimentaire n’est pas revendue, on produit pour notre besoin et seul le surplus, si il y en a, est troqué.
- Nous nous sommes donnés comme mission de faire de l’éducation populaire et dans ce cadre :
- Depuis 2021, nous avons commencé à dispenser des stages sur la création d’écolieu. Ça se déroule sur un week-end jusqu’a 5 jours avec 5 à 10 personnes et là on explique tout ce qu’on a appris pendant ces 4 ans que le groupe s’est constitué, nous expliquons tout le pourquoi et le comment et nous répondons à toutes les questions qui nous sont posées (quand nous savons y répondre). Ça passe de la gestion d’un troupeau de caprins au détail de la gestion financière du groupe, de l’autonomie vivrière à la déconstruction de la rhétorique conventionnelle des ecolieux & Co… En bref, nous expliquons ce que nous aurions aimé savoir quand on était à la place des stagiaires (avant de se lancer). Cette année nous complétons ces stages avec une partie confrontation au réel. Dans le cadre de ces stages, il nous a été demandé de pouvoir vivre ce qu’on vit au quotidien. Nous allons donc proposer des ateliers hyper concrets comme réaliser une petite installation électrique domestique, comment gérer sa forêt et son bois de chauffage, les bases de la couture, … L’idée pour nous c’est surtout de déconstruire cette fausse idée que si on ne sait pas faire, on ne peut pas faire : fendre du bois, même un tronc d’un mètre de haut c’est possible pour tout le monde, ce n’est qu’une question de technique et de temps et pas forcément de musculature ou de connaissances inaccessibles. Car quand les gens viennent chez nous et voit le boulot et que nous expliquons notre quotidien ça a tendance à les décourager.
- Nous avons l’an dernier accueillit des scolaires par groupe de 15 en moyenne pour les éveiller sur la production alimentaire, leur patrimoine et l’écologie.
- Après on développe beaucoup d’activités liées aux interactions avec notre voisinage.
- 2 d’entre nous sont au comité des fêtes du village et nous organisons chaque mois un marché festif.
- Nous organisons aussi une fois par mois une épicerie de quartier. Comme nous achetons déjà en gros pour nous (ce qu’on ne peut ou ne sait pas produire : farine, café, huile, légumineuses, …), nous proposons à nos voisins de venir en profiter à prix coutant (ce qui réduit nos frais de port puisqu’ils sont plus partagés). On en profite aussi pour faire dépôt vente de certains produits faits par des artisans du village (bière et pain). Cette épicerie est surtout l’occasion de passer un bon moment avec nos amis et voisins, les gens apportent ou achètent des boissons sur place, de la charcuterie et ça se finit assez souvent en apéro.
- Nous organisons aussi une fois par an, le repas des amis, nous montons un barnum devant notre étang et là c’est la grosse fête avec groupe de musique, barbecue et rigolades
- Pour nous, le succès d’un écolieu ou toutes entreprises de ce type passe par mettre en place un lien fort avec la population qui nous entoure. C’est d’autant plus important pour nous qui cherchons une autonomie au quotidien et nous avons bien compris qu’à nous 6, peu importe les compétences, nous n’arriverons pas à cette autonomie sans le support de nos voisins et amis.
- Pour finir, nous avons une petite activité touristique avec la location pendant 4 mois par an d’un habitat insolite. C’est une tente suspendue dans les arbres au bord de l’étang que l’association gère et les revenus y sont directement injectés. au printemps 2023, une Tiny House sera aussi ouverte à la location.
Est ce que votre lieu de vie vous dégage des revenus perso ?
L’ensemble des quelques gains financiers générés par nos activités vont dans notre association et sont utilisés pour l’entretien du lieu et le développement de ses activités. Aucun d’entre nous ne perçoit de rémunérations occasionnelle ou régulière de Terra Nostra (ni via la SCI, ni via l’association).
Les couts de Terra Nostra sont assurés essentiellement par nos fonds propres, retraites et quelques activités salariées extérieurs.
Comment rejoindre le Néo-Village Terra Nostra ?
Vous nous demandez assez souvent si notre collectif intègre encore de nouvelles personnes/familles.


Est-ce facile ou pas de créer un lieu comme le notre ?
Sur les réseau sociaux, nous postons essentiellement nos réussites du coup il est nécessaire de relativiser.
Oui c’est faisable, oui c’est génial mais ça demande de gros sacrifices qui, pensons nous, ne sont pas acceptables par tout le monde (on l’a vécu ici) : le rythme de travail est intense, pas ou peu de vacances, on doit se faire violence par fois pour changer nos habitudes (déplacement, alimentation, confort, …). Les baisses de revenu sont sources de tension, les relations avec les autres membres du groupe ne sont jamais évidentes, il faut accepter de se tromper et donc de faire et défaire fréquemment. Bref, il faut avoir conscience que c’est dangereux pour un couple surtout si les 2 n’ont pas cheminé à la même vitesse ou dans la même direction, vivre de cette façon va automatiquement tendre l’élastique qui relie les personnes, après la tension d’élastique casse ou rapproche les personnes, c’est un coup de poker et pour avoir une chance de remporter la mise, soyez sur que votre couple et que vos équipiers soient prêts pour cette épreuve.
Quels statuts juridiques avons nous choisi ?
Avant de répondre à cette question, une précision préliminaire s’impose.
Il y a beaucoup de structures possibles différentes, aucune n’est parfaite, il faut absolument traiter ce sujet avec un notaire compétant, disponible et motivé (ayant déjà traité ce genre de demande).
A Terra Nostra, l’ensemble du foncier appartient à une SCI donc 5 des 6 villageois sont actionnaires. Cette SCI est utilisée uniquement pour l’achat et éventuellement le revente de nos biens immobiliers. Comme nous faisons tous les travaux nous même, la SCI ne peut pas être utilisée pour les financer.
La SCI c’est donc un des contrats qui lie les membres de Terra Nostra. En vulgarisant grossièrement, le statut SCI permet a ses actionnaires de rentrer rapidement dans le contrat mais il est très difficile d’en sortir.
Pour y rentrer il suffit de se mettre d’accord entre nous, de mettre à jours les statuts et de payer les frais de notaires
Pour en sortir (selon la façon dont nous avons rédigés nos statuts), il faut que celle ou celui qui souhaite partir trouve un remplaçant dans les 2 mois qui suivent sa décision pour lui racheter ses parts et que cette personne soit validée pour celles et ceux qui restent (à l’unanimité). Les associés restants peuvent eux aussi proposer un repreneur. Si c’est possible et souhaité, les restants peuvent racheter les parts du sortant dans la mesure de leur trésorerie.
Pour le reste des activités, elles sont gérées par une association à but non lucratif.
Quels sont les avantages et inconvénients d'une vie en Tiny House ?
- La simplicité de vie : tout est simple ou presque dans une Tiny, le ménage se fait un 10 min, t’as oublié le sel pour ta purée, en général tu tends un bras et tu l’attrapes, tout est à portée de main.
- Ces petites maisons feront le bonheur des frileux et frilleuses, le fait d’être entouré de bois apporte une sensation de chaleur qui permet de baisser son seuil d’intolérance au froid. Ainsi, avant on avait du mal à tenir en dessous de 20°C dans notre grande maison, dans la Tiny on a le même ressenti entre 17 et 18°C et le soir quand tu rentres et que la fraicheur de la nuit arrive, tu fais une bonne soupe ou une plâtrée de pates et tu prends 2 à 3°C de plus dans toute la maison.
- Bien évidemment une Tiny a un impact très limité sur son environnement, on ne rejette que des aux grises (toilette sèche), elle est posée sur le sol, ses fondations se limitent à des pneus chargés de béton donc totalement déplaçables. Elle se fondent dans les paysages champêtres. La nôtre sert de nichoir aux chauves-souris.
- Les toilettes sèches … en plus de ses vertus écologiques, c’est génial, plus de baiser de Poséidon (si vous n’avez pas la ref, je vous laisse chercher sur gogole), plus besoin d’avoir a essuyer les traces de son passage avec une brosse à chiotte. On a juste à les vider toutes les 2 semaines ! Oui quand le sceau est plein, ça fini par sentir un peu, mais cette contrainte est négligeable pour nous, comparée aux avantages.Le jour où tu déménages et bien ta maison te suit, c’est tout de même totalement génial d’avoir cette flexibilité.
- Les taxes sont … inexistantes (par contre les assurances vous assomment).
- Les gens sont curieux de voir ce type d’habitat, ça nous a permis de faire de chouettes rencontres.
- La faible consommation d’énergie est impressionnante, elle ne fonctionne au gaz pour l’eau chaude, la cuisson et le chauffage de l’habitacle donc pour nous l’électricité sert à l’éclairage, un grille-pain, l’ordi portable + téléphone, la VMC, un écran, le frigo et le robot ménager qui sait tout faire (très utile dans un petit environnement). On tourne à environ 7 bouteilles de 13kg de propane par an donc environ 280€ et 400€ d’électricité mais qui ne fournit pas que la Tiny qui doit elle se limiter à 300€/an donc pour 2 personnes on est à ~600€/an toutes énergies confondues (dans notre grande maison nous étions à 2000€/an en tout électrique plus un chauffage au bois performant).
- Un peu plus haut, on disait que le ménage se faisait en 10min, mais c’est toutes les 10 minutes. La circulation se fait sur un couloir de 4 mètres de long donc autant dire qu’on l’empreinte souvent, ainsi les miettes, les feuilles qui rentrent avec le vent, etc. s’accumulent au même endroit, c’est donc tout de suite sale.
- On disait aussi que tout est simple dans ce petit environnement sauf quand de temps en temps on a besoin d’y entreposer des choses encombrantes. C’est le cas en hiver quand il faut faire sécher son linge, installer un tancarville se fait la nuit, devant le chauffage ce qui limite fortement le passage au toilette nocturne. Il faut apprendre à surveiller la météo pour faire ses lessives quand il est prévu du vent sans pluie et si possible avec un peu de soleil.
- Les assurances vont en profiter, il n’y a déjà pas beaucoup d’entre elles qui proposent ce genre de contrat mais elles assureront la remorque indépendamment de la partie maison, prévoyez un quasi 600€/an pour les 2 contrats.
- Ce n’est pas une légende, il est très difficile de faire valider d’une façon ou d’une autre une Tiny House vis-à-vis de l’urbanisme. Nous avons présenté 2 dossiers différents, les 2 ont été refusés malgré une municipalité favorable aux projets. La seule option trouvée, c’est de l’avoir sur notre terrain et qu’on habite une maison à coté, elle devient une caravane en hivernage sur le terrain de ses propriétaires. Nous n’habitons donc plus dedans.
- Autres désagréments : la pluie. Pour des problèmes de poids qui doit rester < 3.5 tonnes, la couverture des Tiny est généralement fait en bac alu qui sonnent comment une mitraillette quand la pluie tombe dessus, je ne vous parle pas de la grêle ni des glands quand elle est stationnée sous un chêne.
- Les chênes justement, la notre est le long de la forêt et la perspective de cette petite maison comparée à la hauteur des arbres qui l’entourent n’est pas rassurant. On n’aurait pas la même crainte avec une maison en dur. Le premier hiver, on a vécu une nuit sous des vents à plus de 100km/h, la Tiny avait une fâcheuse tendance à vouloir se retourner, ça a vraiment été très flippant.
- Autant les températures d’hiver passent bien, celles d’été sont beaucoup plus compliquées, il faut opter pour des stratégies plus ou moins radicales. En général ces roulottes n’ont pas de volet pour faire de l’ombre, ça les alourdirait beaucoup, nous avons donc ajouter une grande voile d’ombrage, mais ça ne suffit pas, il faut ajouter des moustiquaires sur toutes les fenêtres pour pouvoir les laisser ouvertes tout l’été et lors des canicules, on ajoute 2 ventilateurs pour forcer l’air à circuler (notre Tiny étant particulièrement mal foutue au niveau aération).
- Qui dit mauvaise aération dit condensation et moisissures, c’est le cas pendant tous les hivers, il est nécessaire d’ouvrir les fenêtres même quand il fait -5°C dehors sinon, ça coule le long des fenêtres en alu, une Tiny se dégradera beaucoup rapidement qu’une maison traditionnelle.
- Et la VMC me direz-vous ! Oui c’est une option qui est installée dans la nôtre, il y en a même 2, mais vous êtes-vous déjà endormis avec les oreilles à quelques mètres d’une soufflerie, pas besoin de dessin, vous avez compris !
- Le bois c’est super agréable mais ça demande de l’entretien, tous les 2 ans on doit décaper les extérieurs et repasser une huile de protection, c’est beaucoup de boulot et un coût important de l’ordre de 300€.
- Une Tiny seule n’est pas vivable à l’année, il faut une annexe. Nous, nous avons un ancien garage où l’on va trouver notre machine à laver le linge, notre four et une partie de nos réserves alimentaires et d’habits. Cette annexe peut aussi être la camionnette qui tracte la Tiny.
- La promiscuité : Pour cohabiter il faut bien se connaitre et bien s’entendre, notre couple à plus de 30 ans, quand l’un lâche une caisse, on sait d’avance l’odeur qu’elle aura mais ce manque d’intimité pourra en freiner beaucoup. Ça sera le cas aussi si vous n’avez pas les mêmes contraintes ou habitudes horaires, il n’est pas facile de s’isoler pour faire telle ou telle chose quand l’autre veut dormir.
- Oublie les soirées entre pote, il faudra attendre l’été pour inviter des amis à manger … sur la terrasse.